L’écologie n’est pas une lubie ni une mode. C’est beaucoup plus grave que cela.

Je serai en première ligne, avec les jeunes, pour mener le combat. Je le dis sans complexe et sans état d’âme parce que cela correspond à un engagement personnel.

Discours Écologie – 4 octobre 2021

Bonjour à chacune et chacun d’entre vous. Merci aussi aux jeunes républicains qui sont ici. Nous sommes dans les nouveaux locaux de notre quartier général pour cette campagne présidentielle et je suis heureux de vous y retrouver ce soir pour cette rencontre, qui n’est que la première d’une série de rencontres, et qui porte sur le sujet important qu’est celui du défi climatique et de l’écologie telle que nous la voulons et telle que nous la mettrons en œuvre si les Français nous font confiance. 

Je veux dire tout d’abord un petit mot de solidarité personnelle à l’égard de toutes les familles et toutes les personnes qui sont touchées à nouveau dans le Midi, dans notre pays, par des intempéries très graves. Je reviendrai sur cette question des risques nombreux et de plus en plus graves qui se multiplient dans le monde en raison de ce changement climatique. 

Mes premiers mots seront pour vous dire ma conviction que l’écologie n’est pas une lubie de quelques scientifiques. Ce n’est pas une mode. Ce n’est pas la propriété d’un groupe, d’un clan ou d’un parti politique. C’est beaucoup plus grave que cela. Ce soir, vous dire ma conviction que sur cette question de l’écologie et du changement climatique, la droite républicaine et le centre doivent avoir une vision, une ambition, un engagement. En particulier, les jeunes républicains et du centre qui doivent être au premier rang, en première ligne. Je serai avec eux sur cette première ligne pour mener le combat. Je le dis sans complexe et sans état d’âme parce que cela correspond à un engagement personnel. Lorsque j’avais 22 ans, j’ai eu l’honneur de travailler dans le cabinet du tout premier ministre français de l’Environnement, Robert Poujade, dont le président de la République française à l’époque, Georges Pompidou, avait doté notre pays. Nous étions le deuxième pays en Europe, après le Royaume-Uni, à se doter d’un ministère de l’Environnement. Il y avait dans ce ministère une vraie morale collective. Il était créé de toutes pièces à partir de morceaux d’autres ministères et c’était le premier signal que notre pays s’engageait sur cette voie. Au Parlement, où j’ai eu la chance d’être le rapporteur du budget de l’environnement comme membre de la commission des finances de l’Assemblée nationale, puis au gouvernement en 93, lorsque j’ai eu la chance moi-même d’être ministre de l’Environnement pendant deux ans. En 2004 aussi, je me souviens de mon discours aux ambassadeurs de France devant la conférence des ambassadeurs, en leur disant que ce changement climatique devait être pour eux un engagement diplomatique et de l’action extérieure de notre pays. Et puis, un peu plus tard, comme ministre de l’Agriculture et de la Pêche, en participant aux côtés de Jean-Louis Borloo au Grenelle de l’environnement qu’avait voulu Nicolas Sarkozy, puis en mettant en place un plan pour la pêche durable. Cet engagement est le mien, il le restera si les Français me font confiance dans les années qui viennent. 

Incontestablement, c’est aussi un engagement de notre famille politique. Je me souviens du grand discours de Jacques Chirac en Afrique du Sud appelant à la vigilance, appelant à la réaction pour éviter, disait-il, que notre maison brûle et que l’on regarde ailleurs. C’était en 2002. Depuis, beaucoup de rapports de scientifiques nous ont alertés et très récemment, le rapport du GIEC qui démontre une réalité que nous devons connaître et affronter. 

Parce qu’il faut dire la vérité. Comme le dit le GIEC, d’ici 20 ou 30 ans, peut-être plutôt 20 que 30, nous allons subir une augmentation de la température de 1,5°C à 2°C de plus. Ce fait va tout changer : nos habitudes de cultiver, nos habitudes de construire, nos habitudes de voyager, d’échanger. Et il faut se préparer. Il faut anticiper et réagir ou répondre à ce changement. J’ai eu la chance de présider un département et d’être élu en Savoie pendant une vingtaine d’années. Pour un département dont 20 à 25 % de l’économie repose sur la neige, un degré à deux degrés de plus, cela veut dire beaucoup de choses. J’ai eu l’occasion et l’honneur d’être le ministre des agriculteurs et des viticulteurs : l’autre jour, en Champagne, l’on m’a expliqué que le temps des vendanges depuis 20 ou 25 ans, avait été avancé de cinq à six semaines en raison du réchauffement climatique. J’étais, il y a quelques jours avec l’un de mes amis, Daniel Fasquelle, maire du Touquet, pour rencontrer des pêcheurs à Boulogne-sur-Mer et il m’expliquait qu’en raison du changement climatique, de la température de l’océan Atlantique dans laquelle il pêche, il ne trouvait plus de sardines ici et à nouveau du cabillaud là. Donc, pour cette profession très importante et difficile qui est celle de la pêche, des changements également importants. Et j’écoutais, il y a quelques jours une conférence de Monsieur Jancovici qui, devant les étudiants de Polytechnique, expliquait, parmi d’autres éléments factuels, qu’en raison du réchauffement climatique, vous ne trouverez dans quelques dizaines d’années plus de chênes en France, sauf peut-être en Bretagne, disait-il. Tout va changer. 

Le rôle d’un responsable politique de candidat à la présidence de la République, c’est de dire la vérité et je dirais cette vérité à laquelle nous devons nous préparer. Pour autant, je ne vais pas tenir un discours catastrophiste, même si la situation est grave. Je ne pense pas qu’il y ait de fatalité, sauf s’il y a du fatalisme. Et nous n’avons, à coup sûr, pas le droit d’être fataliste. Notre pays a des atouts et il faut regarder, face à cette réalité du changement climatique, quels sont ses atouts. La réalité, c’est que notre pays n’émet que 1 % des émissions mondiales, tandis que la Chine en émet 29 %. Bien sûr, la taille est différente, la population est différente, mais c’est une proportion intéressante à connaître. Et en Europe même, nous émettons 3 % des émissions – qu’il nous faut combattre – et les Allemands en émettent 30 %. Donc nous avons des raisons, je le crois, de bâtir un modèle de croissance écologique, d’une croissance durable qui fasse en sorte que l’on respecte davantage les ressources et les espaces parce que les ressources et les espaces ne sont ni gratuits ni inépuisables. Et je voudrais ajouter, dans cette chance que nous avons, dans tous les océans, grâce aux territoires d’outre-mer et aux départements d’outre-mer, d’être la deuxième puissance maritime du monde, avec aussi une responsabilité à l’égard des océans. 

Quand on regarde nos atouts, le défi énergétique est évidemment au premier rang de la réponse qui doit être apportée. Je ne suis pas favorable au tout nucléaire. Je ne l’ai jamais été, mais je pense et je dis que nous ne relèverons le défi climatique qu’avec la part de nucléaire que nous avons gagnée, construite dans notre pays. L’on ne relèvera pas le défi climatique en France sans le nucléaire. Et je n’aurai donc pas, comme on peut le voir avec le pouvoir actuel, le “nucléaire honteux”. Je m’interroge sur les conditions dans lesquelles l’on a fermé Fessenheim. Je pense pouvoir dire que le nucléaire est une énergie décarbonée, qu’il faut donc préserver cette part que nous avons construite avec nos ingénieurs, avec nos ouvriers, avec la volonté politique de l’époque. Et cette part, dans ce qu’on appelle le mix énergétique, ce n’est pas “tout nucléaire”, mais c’est une grande partie de nucléaire qui nous permet d’avoir des prix pour l’électricité bien inférieure, par exemple, à ceux de nos voisins allemands ou européens. Il va falloir réévaluer un certain nombre de décisions : par exemple, celle de fermer 12 réacteurs d’ici 2035 en étant très vigilants et très intransigeants sur la sécurité de ces réacteurs. Je m’interroge aussi sur l’abandon du programme ASTRID sur le réacteur nucléaire de quatrième génération. Je pense enfin qu’il faudra que nous soyons beaucoup plus vigilants à Bruxelles pour éviter des décisions qui mettraient en cause cette énergie décarbonée que nous avons et que les autres ont abandonnée. Je pense notamment à ce qu’on appelle la taxonomie à Bruxelles qui, selon ce que je comprends, refuserait de considérer l’énergie nucléaire comme une énergie verte ou décarbonée. Nous ne pouvons pas l’accepter. Je n’accepterai pas ce classement qui met en cause cet actif important que nous avons. 

J’ai dit un mix énergétique dans lequel le nucléaire a sa part et donc d’autres énergies ont également leur part. Mais aussi, elle est pour l’instant faible. Nous devons l’accroître. Je pense en particulier à une énergie à laquelle je crois, qui est l’énergie photovoltaïque, l’énergie solaire. J’avais créé avec d’autres, il y a une vingtaine d’années en Savoie, sur le site de Technolac, l’Institut national du solaire, qui aujourd’hui fait travailler 500 chercheurs et qui est un point de référence en matière scientifique dans l’ensemble du monde et en Europe en particulier. L’autre jour, en visitant cet Institut national du solaire, les responsables m’expliquaient – c’est sans doute théorique, mais c’est intéressant – que si on était capable d’équiper ne serait-ce que 5 % de la surface du désert dans le monde, l’on pourrait produire avec ces panneaux photovoltaïques la totalité de l’énergie électrique dont le monde a besoin. Et donc, je crois dans cette énergie, je crois à la recherche que nous développons et qui peut avoir des applications dans le transport routier, dans l’agriculture, un peu partout. Je crois aussi au développement de l’hydrogène. Je crois aussi au développement des batteries et je m’inquiète que notre pays soit si mal équipé en bornes de recharge. Nous avons 10 fois moins de bornes de recharge au kilomètre carré, comparé par rapport, par exemple, aux Pays-Bas. Là aussi, pour l’énergie solaire, la France d’outre-mer est une chance. Parmi toutes ces énergies, il y a la biomasse, de l’hydroélectricité, les pompes à chaleur. 

Nous devons poursuivre le développement de toutes ces énergies renouvelables en faisant attention à l’une d’entre elles qui, me semble-t-il, pose des problèmes dans beaucoup de régions terrestres et maritimes, qui est celle de l’énergie éolienne. On nous annonce d’ici 2028, 6 500 éoliennes supplémentaires. Je pense qu’il faut là aussi réévaluer cette politique d’équipement de l’ensemble de notre pays d’éoliennes qui posent beaucoup de problèmes pour le paysage et pour la biodiversité, notamment marine. J’étais, il y a quelques semaines, à Saint-Brieuc. On m’a expliqué ce projet de champ d’éoliennes en mer sans que je sois convaincu, au contraire, de l’intérêt écologique et de l’intérêt économique. Je pense que le prochain projet de construction d’éoliennes devrait se faire en s’assurant d’un consensus politique local. 

Et enfin, quand on parle énergie, il y a une énergie qui ne coûte pas cher et qui ne pollue pas. C’est celle qu’on ne consomme pas. Le kW qui coûte le moins cher, le baril de pétrole qui pollue le moins, c’est celui qu’on ne consomme pas. Et donc, il y a des réserves de notre pays considérable en matière d’économie d’énergie dans chaque foyer, dans chaque appartement, dans chaque maison, dans chaque bâtiment public. Bien sûr, des programmes ont été lancés par les gouvernements précédents. Nous devons les amplifier et, si possible, atteindre le rythme de rénovation thermique, d’isolation de 500 000 logements par an, en étant le plus simple possible dans l’attribution des aides qui doivent être accordées à ceux qui n’ont pas les revenus suffisants pour faire ces travaux eux-mêmes et qui doivent pourtant les faire avec l’appui des collectivités locales et l’appui de l’Etat. 

Réussir le défi écologique, cela passe aussi par la recherche dans tous les domaines. J’ai eu l’honneur d’être ministre de l’Agriculture. J’avais lancé avec les dirigeants agricoles un programme pour réduire de moitié, à l’époque, la consommation de produits phytosanitaires, de pesticides dans l’ensemble de l’agriculture et aussi dans l’entretien des parcs publics dans les communes. Cela ne peut se faire que si l’on apporte aux agriculteurs des solutions alternatives. Cela ne peut pas se faire de manière punitive et sans tenir compte du besoin qu’ils ont actuellement de certains de ces produits pour pouvoir cultiver. Je sais que les agriculteurs n’utilisent pas les produits phytosanitaires pour se faire plaisir ou pour leur plaisir. Ils les utilisent car ils en ont besoin pour protéger leurs cultures. Il faut continuer à diminuer l’usage de ces produits de manière déterminée, mais en cherchant des solutions alternatives. La réponse est apportée par la recherche agronomique et je pense aussi à la recherche forestière. 

Je vais conclure ce propos en vous remerciant pour votre attention, en vous redisant ma conviction qu’il y a une ambition nécessaire, un engagement indispensable de notre famille politique, celle des républicains avec le centre, pour relever d’une autre manière, moins idéologique, moins punitive, ce défi climatique et ce changement en matière d’environnement. Peut-être deux remarques pour terminer. L’une sur le bon niveau d’ingénieurs. Tout ce que je viens de vous dire exige une action nationale, celle que j’engagerai, comme chef de l’Etat, et avec le gouvernement, si vous me faites confiance. 

Est-ce qu’on peut faire tout seul sur un tel défi qui est global et mondial ? Je ne le crois pas. On peut faire pour nous-mêmes ce que personne d’autre ne viendra faire pour nous. Je viens de le dire de manière évidemment télégraphique, mais on réussira d’autant mieux qu’on agit avec les autres dans le cadre d’accords internationaux comme celui de Paris qu’il faudra respecter et dans le cadre européen où nous sommes dans le même marché unique, avec des normes, des standards communs avec tous les pays qui font partie de ce marché, soit 27 pays à l’échelle de notre continent. C’est très important que dans ce marché, nous ayons les mêmes règles et les mêmes encouragements et que nous utilisions aussi le budget européen pour accompagner cette transition écologique. Sur cette question de l’Europe, et je suis très clairement définitivement européen, en plus d’être patriote – patriote et européen – je pense qu’il faudra être vigilant pour que il n’y ait pas trop d’idéologie dans les décisions qui sont prises, comme je l’ai quelquefois le sentiment en écoutant la Commission européenne aujourd’hui. Nous ne souhaitons pas une écologie punitive. Nous préférons le contrat à la contrainte. Je partage les grands objectifs affichés par l’Union européenne dans le cadre du Green Deal, mais je m’attacherai à ce qu’on le fasse avec les gens. Et là, je termine par une question de méthode. Le respect. J’ai fait du respect des citoyens – respecter les Français et respecter la France – la ligne bleue de l’action que nous conduirons, de la campagne électorale que nous avons proposé aux Français et du prochain quinquennat. Cela veut dire du dialogue, de l’écoute. L’on ne perd jamais son temps quand on écoute et quand on dialogue et que l’on met ensemble tous ceux qui peuvent relever ce défi avec le gouvernement. Je parle bien sûr des élus locaux, des citoyens, des acteurs associatifs et de tous ceux qui, à un titre ou un autre agriculteur, chasseur, protecteur de l’environnement, aiment la nature et veulent protéger la biodiversité. Donc, il ne suffit pas d’interdire. Il faut expliquer, écouter, faire, comprendre et mettre ensemble dans l’action. C’est une méthode que je ne découvre pas aujourd’hui. Je l’ai toujours pratiquée, comme élu dans mon département et comme ministre de l’Environnement. J’ai le souvenir, par exemple, d’un grand chantier écologique que j’avais conduit et qui fonctionne toujours aujourd’hui : celui de la protection du plus grand fleuve naturel français, la Loire, sur lequel il y avait beaucoup de conflits, beaucoup de tensions. Beaucoup de gens ne se parlaient plus, entre écologistes, élus locaux, chasseurs, agriculteurs. Et à force d’écoute – je me souviens avoir, avec mon équipe du ministère à l’époque, visité une quinzaine de départements, ouvert une dizaine d’auditions publiques pour écouter tout le monde et, à la fin, proposer un plan. Le plan Loire grandeur nature, qui est toujours en vigueur aujourd’hui, au terme duquel nous avons décidé de ménager la Loire. Ça a été un grand chantier de ménagement du territoire. Il a été fait avec une méthode que j’ai utilisée en d’autres circonstances et que je réutiliserai : mettre ensemble les hommes et les femmes qui ne viennent pas du même endroit, qui ne partagent pas les mêmes idées, qui ont parfois des contradictions très fortes et nous-mêmes, du côté des pouvoirs publics, écouter ce qu’ils disent. Et puis proposer de relever la ligne d’horizon pour travailler ensemble. Oui, mesdames et messieurs, chers amis, en vous remerciant pour votre attention, je veux dire qu’il y a pour la droite républicaine et pour le centre et pour le projet que nous présenterons ensemble, un chemin et une ambition pour une écologie humaniste et concrète. Et c’est sur ce chemin là que je vous propose que l’on marche ensemble dans les mois et les années qui viennent. 

Merci de votre attention.

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