Nicolas Sarkozy m’a dit : “Trace ta route”.

J’ai été son ministre de l’Agriculture et de la Pêche, j’ai pris, à sa demande, la tête de la liste pour les élections européennes de 2009 et nous avons recueilli près de 30 % des voix. Il m’a simplement dit : « Trace ta route. ».

ENTRETIEN. Outsider courtisé à droite, l’ex-commissaire européen et négociateur en chef du Brexit dévoile son programme présidentiel et répond aux attaques.

Des candidats de la droite à la présidentielle, il est celui qui a le plus d’expérience. Député, sénateur, président du conseil général de Savoie (dix-sept ans), chargé de portefeuilles ministériels d’importance pendant sept ans, commissaire européen, organisateur des Jeux olympiques d’Albertville en 1992 et négociateur en chef du  Brexit  … Avec son CV impressionnant et sa mine marmoréenne, le septuagénaire Michel Barnier tente non sans difficultés d’exister dans une compétition à droite dominée par le match Bertrand-Pécresse.

Sûr de son destin face aux sceptiques, l’intéressé a installé son QG de campagne dans le quartier de l’Élysée et dessine sa présidence au futur proche, sous le regard de De Gaulle et d’Adenauer, dont la photo de leur poignée de main scellant la réconciliation franco- allemande orne son bureau.

Le Point : Nicolas Sarkozy a été un « hyperprésident » ; François Hollande, un président « normal » ; Emmanuel Macron, « Jupiter ». Quel chef de l’État seriez-vous ?

Michel Barnier : Je veux être le président de la réconciliation des Français. Le président sortant a dit beaucoup de choses qu’il n’aurait pas dû dire : les « gens qui ne sont rien », les « premiers de cordée », les « illettrées ». Vous ne m’entendrez jamais dire ça. Dans ma région, on sait ce qu’est une cordée : le premier est aussi important que le dernier. Le pape Benoît XVI a déclaré le jour de son intronisation : «

Chacun est nécessaire. » Je serai le président du respect, du travail collectif et des résultats, celui qui va au bout des choses. Je reproche au président sortant de diriger seul, au point d’avoir négligé, dans la gestion du Covid, les collectivités territoriales, le secteur privé, y compris hospitalier, et les Français eux-mêmes : lors de cette crise sanitaire, il est inouï que la démocratie sanitaire ait été à l’arrêt. Je n’ai pas compris, dans un autre domaine, qu’il ait claqué la porte au nez de Jean-Louis Borloo , qui avait construit un plan banlieue complet . Et que fait-il sur la sécurité, qui est son principal échec ? Il propose des choses en fin de mandat qu’il aurait dû engager depuis le début. C’est le quinquennat des occasions manquées, des choix solitaires, du contrôle administratif plutôt que des réformes, faute d’avoir fait le bon diagnostic sur la situation des Français et du pays. Nous ferons le contraire : dès le lendemain de mon élection, je confierai par exemple au Parlement un travail très important d’évaluation de toutes les directives européennes que nous appliquons différemment des autres pays, et parfois avec trop de zèle, pour redonner de la liberté à nos entreprises.

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