Réparer l’école, grande cause nationale du prochain quinquennat.

Dans un monde de plus en plus dur, nos jeunes sont de plus en plus désarmés. Et pourtant : nos élèves ne sont pas moins doués et la France a produit plus de lettrés, plus de savants, plus de créateurs que bien d’autres pays ! C’est le système qui a failli.

Rendons-nous à cette triste évidence : notre école est en crise. Tant de parents et d’élèves en souffrent, tant d’enseignants aussi. Nous subissons un inexorable glissement dans les classements internationaux, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) donne des résultats inquiétants en sciences, en compréhension de l’écrit, en mathématiques. Nous étions naguère dans les tout premiers ; nous pointons désormais entre la 20ème et la 26ème place. En mathématiques, fleuron de notre monde académique, le niveau de nos jeunes s’est en moyenne effondré. Nous nous flattons à raison de nos nombreuses médailles Fields mais pour la première fois depuis trente ans, le dernier palmarès de ce prix prestigieux, décerné en 2018, ne comprenait aucun Français. Tout un symbole.

Dans un monde de plus en plus dur, nos jeunes sont de plus en plus désarmés. Et pourtant : nos élèves ne sont pas moins doués et la France a produit plus de lettrés, plus de savants, plus de créateurs que bien d’autres pays ! C’est le système qui a failli. Au lieu de se consacrer à son devoir de transmission du savoir et d’émancipation de chacun, l’Éducation nationale, singulièrement depuis 1968, s’est mêlée de vouloir transformer la société. La vocation première de l’Éducation qui est d’«élever» (quel beau mot !) nos enfants vers le meilleur d’eux-mêmes, a été dévoyée. Enseigner, c’est transmettre et élever. Pour l’avoir oublié, notre système a contribué à aggraver les inégalités et à enfermer tant d’élèves dans leur catégorie sociale ou leur communauté d’appartenance supposée. A la déroute pédagogique et morale s’ajoute – disons-le ! – une faillite matérielle. Alors que dans les pays de l’OCDE la dépense moyenne par élève augmentait de 8% entre 2010 et 2016, elle baissait de 5% en France.

Chaque pays exprime ses priorités par des actes : en France, la priorité n’est clairement pas la jeunesse ! L’avenir ne fait plus recette. Pour preuve, la fonction enseignante, naguère si valorisée, connaît une crise de recrutement sans précédent. Le nombre des candidats au Capes s’est effondré. Celui des élèves sortis du système scolaire sans formation s’est fortement accru, pour dépasser 10% d’une classe d’âge. Nous avons 80% de bacheliers, mais le bac a perdu de sa valeur. Les recalés sont devenus des relégués. Le bac pour tous, totem des années Lang, est devenu une machine à exclure. Les mots entendus au début du quinquennat du Président sortant avaient pu paraitre encourageants : le moins que l’on puisse dire est que les actes n’ont pas suivi. Redresser la barre demandera de l’énergie, du temps et des moyens. Mais ce n’est pas du tout hors de portée ! En Allemagne, par exemple, les mauvais résultats du classement PISA des années 2000 ont suscité un effort de redressement qui a porté ses fruits. La barre a été redressée en dix ans grâce à un plan reposant sur quatre piliers : revalorisation du métier d’enseignant, accent sur les acquis fondamentaux des enfants, autonomie des établissements, aide aux plus fragiles. Plutôt que de refaire le monde, inspirons-nous de ce qui a  marché chez nos voisins.

Je propose que l’Éducation devienne la grande cause nationale du prochain quinquennat. Pour cela, nous devons commencer par changer notre regard sur les enfants et les jeunes : ils ne sont pas une charge, mais une chance. Ils méritent le meilleur de ce que nous pouvons donner. Le meilleur, ce sont les outils de la liberté. Cela s’appelle: savoir lire, écrire, compter à l’âge de 10 ans. La Troisième République a su le faire. Nous n’avons pas moins de moyens que la Troisième République. Il faut se concentrer sur les savoirs fondamentaux en primaire. 

Pour aller librement, il faut savoir d’où l’on vient. : il faudra concevoir les programmes d’Histoire en revenant à la narration chronologique du récit national. Il faudra aussi faire de l’étude des matières numériques et du code informatique une matière à part entière dès le collège, et renforcer plutôt qu’édulcorer l’enseignement des mathématiques. Il faudra évidemment étendre à tout le primaire les dédoublements des classes de l’éducation prioritaire. Il faudra mettre en place un outil d’évaluation et de contrôle des performances scolaires qui sorte de l’entre-soi. Les élèves et leur famille y ont droit. Le métier d’enseignant doit retrouver sa noblesse et son attrait. Les rémunérations devront être alignées sur le niveau observé dans les autres grands pays. Le financement en sera possible en redéployant les ressources accaparées par les fonctions support et l’administration, plus lourdes chez nous que partout ailleurs. Le métier d’enseignant intègrera davantage la tâches des préparations, de formation continue, de gestion de la classe, de relation avec les parents. Celles et ceux, à tout âge de la vie, qui acceptent de mettre leurs compétences, leur temps et leur talent au service de la réussite de nos enfants à l’école doivent y être encouragés.

Les parents doivent être impliqués davantage. Je ne veux pas de cette idéologie qui tend à soustraire les enfants à l’influence présumée maléfique de leur famille. À nous de créer un partenariat confiant entre les parents et les écoles. Tout en prévoyant aussi des sanctions pouvant aller jusqu’à la suspension des allocations familiales en cas de manquement parental. Le respect, c’est aussi cela. L’autonomie est la voie de la qualité.  

Nous devons donner une véritable liberté aux chefs d’établissement, notamment pour recruter les équipes éducatives les mieux adaptées à leurs élèves et pour nouer des partenariats avec les collectivités territoriales et les acteurs privés. Il nous faut créer un grand service public de l’orientation en partenariat avec les Régions et enfin valoriser les filières professionnelles qui donnent accès à des emplois utiles et disponibles.

L’apprentissage doit devenir une filière d’excellence. Il faudra passer de 500 à 800 000 apprentis par an, et pour cela mettre fin au collège unique, qui est un échec et fabrique de l’injustice. L’apprentissage doit être rendu possible dès 14 ans. Ces efforts seront les meilleurs remèdes aux inégalités.

Au-delà, les écoles de la deuxième chance seront dotées de 50 000 places supplémentaires. Le nombre des internats d’excellence sera quadruplé. Les meilleurs enseignants seront incités à exercer leur vocation dans les zones prioritaires ou rurales. Pour n’avoir voulu que l’égalité, nous aurons tout manqué et en premier lieu l’égalité.

En revenant aux fondamentaux de la transmission, l’école retrouvera le sens et la noblesse de sa mission : préparer pour nos enfants un avenir meilleur. La France en a les moyens. J’en ai la volonté. Nous nous en donnerons les moyens.

Réparer l’école, grande cause nationale du prochain quinquennat.

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